Accueil A la une Préservation des écosystèmes forestiers et pastoraux : Impliquer la population locale

Préservation des écosystèmes forestiers et pastoraux : Impliquer la population locale

La nouvelle approche d’aménagement des forêts consiste en la participation des communautés locales, associant transfert de connaissances et prise en considération des attentes et priorités locales.

Selon le dernier inventaire forestier 2010, la superficie du couvert forestier est plus de 1.1 million d’hectares. Cette forêt est composée d’un grand nombre d’espèces végétales constituant ainsi un écosystème très intéressant au niveau de la strate arboricole (le chêne liège, le pin pignon, l’eucalyptus, le pin d’Alep…) et la strate arbustive, ainsi que le sous-bois (le myrte, le lentisque, le romarin, plusieurs plantes aromatiques et médicinales…). Mais la richesse du milieu forestier se rapporte aussi aux produits extraits, comme les fourrages, les huiles essentielles, les champignons, le miel…, ce qui accorde à ce milieu une grande richesse en termes de biodiversité.

En termes de valeur économique, le milieu forestier offre aussi bien des produits ligneux que non ligneux, ainsi que des services dont bénéficient la population locale et nationale (emploi  de la main-d’œuvre locale, récréation, pâturage, protection des bassins versants des barrages…) voire internationale (séquestration de carbone, biomasse…). Et donc, les bénéfices de ces biens et services contribuent en partie à l’amélioration du revenu de la population locale.

Cependant, les écosystèmes forestiers en Tunisie, faisant partie des régions méditerranéennes, sont très vulnérables face au changement climatique en raison de la longue saison sèche et/ou une succession d’années sèches et aux actions anthropiques. Face à ce défi et à cette urgence climatique, le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (Ftdes) vient de publier une longue étude baptisée « Forêts tunisiennes : Entre marginalité territoriale et valorisation des ressources naturelles. Regards croisés entre gestionnaires et usagers ». Dans cette première partie, on va se pencher sur l’approche d’aménagement forestier durable et la promotion de développement régional en Tunisie dans un contexte de changements globaux.

Vers une nouvelle approche d’aménagement inclusif

Dans le but de réaliser des aménagements durables et sauvegarder les investissements effectués dans le milieu forestier, les autorités forestières en Tunisie ont fortement travaillé sur l’introduction d’une nouvelle approche d’aménagement inclusif, faisant participer la population locale et les organisations de base dans les opérations d’aménagement des forêts. L’objectif derrière cette mesure est d’assurer, d’une part, un transfert de savoir-faire technique des forestiers vers la population et, d’autre part, une prise en considération des attentes et priorités de ces habitants. Mais, pour les autorités forestières, les défis ne sont pas évidents où on vise la valorisation des ressources forestières à travers l’instauration d’un aménagement durable comme axe stratégique, le contrôle de la pression anthropogénique, l’amélioration des capacités d’agir de l’administration forestière, la création de partenariat public- privé dans un esprit de synergie entre les différentes parties prenantes… Pour ce faire, plusieurs interventions ont été réalisées, dont notamment la réhabilitation des écosystèmes forestiers et l’amélioration des infrastructures, comme les pistes et les aménagements de défense contre les incendies.

Une conciliation pour cause

Le document du Ftdes n’a pas manqué de rappeler que le plan d’aménagement forestier constitue un document technique de référence à tout acte de gestion des forêts aménagées et de planification sur une période de vingt ans. Il se base sur un découpage en parcelle et une gestion axée sur la production de bois en tant que valeur économique. Ainsi, la sylviculture est en partie orientée vers l’accroissement du volume et la qualité du bois produit, ce qui nous amène, aujourd’hui, à une nouvelle génération de plans d’aménagement forestiers qui se présentent comme outils opérationnels de gestion intégrée et concertée, visant à concilier entre le développement socioéconomique et la préservation des écosystèmes forestiers et pastoraux. Ces nouveaux plans impliquent à cet égard l’ensemble des acteurs concernés dans ce processus d’identification des potentialités et des vocations des différents espaces forestiers et pastoraux et les modes de gestion les plus appropriés à mettre en place, et ce, afin d’optimiser la contribution du secteur forestier et pastoral au développement économique et socioéconomique (en valorisant les biens et services fournis par les écosystèmes forestiers et pastoraux, selon une approche privilégiant le partenariat public-privé et préservant les intérêts socioéconomiques des populations riveraines) ; améliorer et préserver les biens et services environnementaux de ces écosystèmes et améliorer leur résilience au changement climatique ; consolider et préserver le potentiel de production et la biodiversité de ces écosystèmes (amélioration/reconstitution de la couverture forestière et pastorale, lutte contre la dégradation et la désertification…)… Ainsi, l’implication effective de la population forestière et usagère des produits issus des forêts et son encadrement vont permettre d’inscrire plus sûrement le programme d’aménagement forestier et à mettre en œuvre la perspective d’un développement durable. La cogestion des ressources forestières va conduire à disposer d’une production résultant de l’exercice d’exploitation forestière réalisée par une population organisée en groupement de développement agricole (GDA). En termes d’analyse économique, la production issue de la cogestion va constituer le premier maillon d’une chaîne de valeur économique. Il va de soi qu’une étude d’analyse d’une chaîne de valeurs économique, associée à chaque produit forestier, serait nécessaire pour dresser la cartographie des acteurs et l’élaboration des relations qui les relient dites «alliances productives ». Et donc, la gestion classique du milieu forestier, aura progressé vers une gestion écosystémique valorisant les biens et services des forêts et contribuant à l’atteinte de plusieurs objectifs de développement durables.

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